En gestion de projet, il est parfois bon de savoir arrêter un projet plutôt que de continuer à y engloutir des ressources. C'est une décision difficile en raison du biais cognitif des coûts irrécupérables : vous savez, cette petite voix qui vous dit « tout de même, tu as déjà passé 120 heures sur ce projet, tu ne peux pas arrêter maintenant... », alors que quoi que vous fassiez, ces 120 heures sont perdues à tout jamais et les faire passer à 150 heures ne sauvera probablement pas le projet.
Voilà pour la théorie de la gestion de projet : sachez tuer un projet et l'oublier à tout jamais.
Autorisons-nous toutefois à pimenter un peu cette théorie en nous inspirant de la démarche artistique !
S'inspirer de la pratique d'un curateur d'art pour redonner vie à des projets
Savoir arrêter un projet est une vraie qualité, mais s'autoriser à en ressortir de la poubelle présente aussi des vertus. Ce principe est inspiré de la démarche du curateur Hans Ulrich Obrist, exposée dans son livre « Ways of curating ». Il explique que pour concevoir une exposition, il prend le temps d'aller voir des artistes et de les faire parler des projets qu'ils ont abandonnés.
Les raisons de ces abandons sont multiples : projet censuré, mal compris, oublié, rejeté, irréalisable, etc. Hans Ulrich Obrist prend le temps de reconsidérer avec eux une façon de redonner vie à ces projets, peut-être sous une forme différente. Pour lui, son rôle consiste à « rendre possible l'impossible ».
Il a réuni des projets artistiques inaboutis dans son exposition « Unbuilt roads » et il a observé que certains avaient fini par aboutir, alors que d’autres avaient été définitivement abandonnés, sans regrets et surtout, sans sentiment d’échec.
Et vous, quels projets inaboutis pourriez-vous ressortir de la poubelle ? Comment pourriez-vous les faire évoluer ? Un nouveau contexte vous permet-il de les faire revivre, de les faire évoluer ? Y a-t-il des projets que vous pourriez croiser, hybrider pour produire quelque chose de nouveau ? Vous faut-il au contraire tirer à tout jamais un trait dessus ?
Replongez dans vos archives !
Comments