Dans votre vie professionnelle, avez-vous avez plutôt un profil d'expert ou plutôt un profil d'explorateur ?
Parmi les personnes que j'accompagne dans leur transition professionnelle, beaucoup partagent ce type de questionnement :
Je ne trouve pas ma voie ;
J'ai fait le tour du sujet, je voudrais passer à autre chose ;
Mon entourage trouve que je papillonne. Je n’y peux rien, beaucoup de sujets m'intéressent !
J'ai de plus en plus de mal à trouver un fil rouge dans ma carrière à cause de mes fréquents changements de métier et cela fait peur aux responsables de recrutement.
Derrière ces questions repose la conviction que nous serions tous faits pour un seul métier et que nous devrions y consacrer nos 40 ans et plus de vie professionnelle.
Ce sujet est clivant et il fait ressortir deux grands types de profils :
L'expert : Il aspire à se consacrer pleinement à un sujet et à le creuser. Au fil des ans, il maîtrise de plus en plus son sujet jusqu'à en devenir l'expert. Il s’agit par exemple d’un avocat d'affaires spécialisé dans des montages financiers complexes, d’un ophtalmologue - ce qui est déjà une spécialité en soi - et qui choisit de se consacrer principalement au glaucome, ou encore d’un comptable qui travaille essentiellement à la consolidation des comptes, etc. L'expert se trouve un champ relativement réduit et prend plaisir à le creuser le plus possible.
L'explorateur : Il se laisse guider par sa curiosité. Il va préférer élargir son champ de compétences et en contrepartie, renoncer à devenir l'expert de tel domaine. J'ai par exemple une amie juriste, au départ spécialisée en droit immobilier, qui commence par exercer quelques temps dans un cabinet de gestion immobilière, se lasse, puis se lance dans l'événementiel, puis publie un roman et anime des ateliers d'écriture. Elle réfléchit aujourd'hui à des projets de maisons à zéro émission carbone.
Pourquoi est-important de repérer son profil ?
Notre culture et les chemins de carrière ont tendance à privilégier l'expertise : vous commencez junior dans votre domaine, après 3 ans d'expérience, vous voilà senior, puis petit à petit vous encadrez des équipes de collaborateurs que vous faites monter en compétence sur les sujets que vous maîtrisez. Ce modèle a le mérite d'être lisible, clair et transparent.
Mais... s'il convient bien aux experts, c'est un cauchemar pour les profils explorateur ! Certains explorateurs essaient de jouer le jeu pendant des années puis n'en peuvent plus de se sentir enfermés et bridés alors qu'il y a tant à découvrir. D'autres peinent à trouver un travail et se heurtent à l'absence de fil directeur dans leurs différents postes.
Ils culpabilisent et se sentent inadaptés, comme si le problème venait d’eux ! Certains se font une raison, acceptent de s'ennuyer et de considérer leur emploi comme un job alimentaire.
Ce qui est particulièrement lourd à porter pour les explorateurs, outre leur sentiment d'inadéquation, c'est le jugement des autres. Ils entendent des :
Quoi, tu changes encore de voie, mais quand est-ce que tu vas te poser ?
Mais pourquoi tu ne vas pas au bout de cette spécialisation ? Tu n’as plus que deux ans à faire !
Les explorateurs sont perçus comme des dilettantes, des personnes qui savent tout faire et rien faire, des généralistes que l’on ne sait pas où caser dans l’organigramme car il n'existe pas de fiche de poste pour un généraliste. Ils donnent l'impression, souvent fausse, de ne pas aller au bout des choses. En réalité, eux ont le sentiment d'être arrivés au bout de leur sujet et d'en avoir tiré tout ce qu'ils pouvaient.
Des leviers de motivation différents :
Les experts et les explorateurs ont des leviers de motivation différents :
Les experts sont motivés par le sentiment de maîtrise. Ils aiment connaître un sujet pointu à fond et ils apprécient de s'y consacrer pleinement. Ils veulent être reconnus pour la profondeur et la précision de leurs connaissances.
Les explorateurs sont motivés par la curiosité et l'apprentissage. Ils sont très à l'aise avec le fait d'être débutants ou amateurs dans un sujet, c'est même ce qu'ils préfèrent ! Ils apprécient de découvrir de nouveaux domaines et cherchent plutôt à être reconnus pour l’étendue de leurs connaissances.
Mais vous comprenez bien que le mode de fonctionnement des explorateurs n'est pas toujours compatible avec les chemins de carrière traditionnels. Dans un prochain article, nous verrons comment tirer parti du profil d’explorateur.
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